ThĂšme :
Nous recevions 3 experts de la #Foodtech pour discuter de l'impact de la crise sur leur activité : essor de la livraison à domicile, Drives saturés, nouveaux usages des Français et digitalisation du secteur de la grande consommation.
Nos intervenants Ă©taient :
- Audrey Ferrante, Directrice générale de Marmiton.org
- Alban Schleuniger, Directeur Marketing Digital chez Groupe Casino
- Paul LĂȘ, CEO de La Belle Vie, « lâĂ©picerie 2.0 »
Impacts du confinement
Chez Groupe Casino :
- +900% dâinscrit sur le site Monoprix.fr
- Le Drive + la livraison sont passés de 7 à 10% du volume des ventes
- Avant la crise, 25% de la clientĂšle du groupe Ă©tait dĂ©jĂ digitalisĂ©e : le recentrage sur les canaux digitaux avec la disparition des canaux offline sâest fait sans encombres pour ces clients.
- Augmentation des usages de lâapplication : paiement sans contact via app dans plus de 200 magasins.
- L'avance technologique du groupe leur permet une grande agilité dans la crise.
Chez La Belle Vie :
- 300% de croissance par mois.
- Passés de 500 à 2000 livraisons par jour avec le confinement.
- 6,000 références disponibles.
- Ont récemment triplé la taille de leur entrepÎt.
- Venaient d'embaucher le 100Úme employé.
Chez Marmiton :
- Pics historiques de trafic : jusquâĂ 3,5 M de VU / jour.
- Records précédents : habituellement les 24 décembre jusqu'à 1M VU / jour.
- Partenariat avec des enseignes de livraison et dĂ©veloppement de la mise en panier : suivi des consommateurs de la recette jusquâĂ lâachat.
- Sâadapter aux recettes et produits de saison.
Quelques chiffres Ă retenir :
- En 2017 l'activité Drive représentait 5% de la consommation totale des français. Avant la crise c'était 7% et depuis le 16 mars, 9% : c'est +2% en 30 jours, ce qui est énorme et se compte en milliards d'euros d'achats (Alban).
- 55% des américains ont fait leurs courses en ligne en mars, contre 36% en moyenne il y a deux ans et un tiers de ces 36% on fait leur premier achat de courses en ligne dans les 30 derniers jours (Simon).
- La livraison en moins dâune heure est devenue un standard Ă Paris (Paul).
- Peu de diffĂ©rence entre paniers moyens physique et online, en revanche les français stockent plus en pĂ©riode de confinement : +140% dâachats de farine par exemple (Alban).
- Les français tournent en moyenne avec 9 recettes repas par an (Audrey).
Retranscription :Â
Simon : Bonjour à tous les trois je vous invite à vous présenter et briÚvement nous décrire comment vous vivez la situation chacun de votre cÎté dans le contexte actuel.
Audrey : Je suis en charge de la direction gĂ©nĂ©rale de la marque Marmiton, online et offline. Lâobjectif de Marmiton est de promouvoir la culture de la cuisine maison. Face Ă la situation il a fallu que nous nous organisions trĂšs rapidement. Nous avons mis en place des mesures de tĂ©lĂ©travail permanent, chĂŽmage partiel et avons totalement rĂ©organisĂ© nos contenus mĂ©dias afin quâils soient plus adaptĂ©s Ă la situation avec une rubrique spĂ©ciale confinement.
Alban : Je mâoccupe du Marketing Digital pour le groupe Casino et mon rĂŽle est dâaccompagner la transformation digitale au sein du groupe. Mon objectif est de changer lâexpĂ©rience utilisateur en magasin, notamment via la dĂ©matĂ©rialisation des programmes de fidĂ©litĂ© avec nos applications mobiles etc. Nous utilisons essentiellement le digital pour faire venir plus de clients dans nos magasins. Concernant la situation actuelle, nous sommes plutĂŽt bien prĂ©parĂ©s au tĂ©lĂ©travail et pour nos magasins le challenge est de bien former notre personnel, Ă rĂ©pondre aux besoins des clients tout en Ă©liminant les risques sanitaires.
Paul : Le projet avec La Belle vie est de remettre les français en cuisine en apportant de lâinspiration avec des kits recettes. On est un service de livraison de courses trĂšs rapide - en moins dâ1h sur Paris, moins de 3h en Ăle de France. Notre service connaĂźt une forte hausse de frĂ©quentation suite au confinement et mĂȘme si nous Ă©tions bien approvisionnĂ©s en masques et gels pour nos salariĂ©s, quelques mesure supplĂ©mentaires ont Ă©tĂ© mises en place : prise de tempĂ©rature du personnel avant dâentrer dans lâentrepĂŽt, port du masque et des gants, distance de sĂ©curitĂ© etc..
Simon : Alban, pouvez-vous nous expliquer ce que vous avez mis en place avant et qui vous permet de gĂ©rer la situation aujourdâhui ?
Alban : Cela fait plusieurs annĂ©es que nous poussons nos clients Ă se crĂ©er des comptes en ligne. DĂ©jĂ avant le confinement nous avions la possibilitĂ© de communiquer avec 25% dâentre eux.
Avec la perte de nos supports offlines nous nous sommes donc recentrĂ©s sur les outils digitaux que nous avions Ă disposition pour communiquer, notamment les notifications push. Ce canal nous a permis dâinformer sur les dispositifs mis en place pour continuer Ă accueillir les clients : adaptation des horaires, gestes barriĂšres, protection des hĂŽtes de caisses. Câest un outil puissant qui vient rĂ©compenser ce que nous avons bĂąti sur le digital.
Aussi, beaucoup de clients passent au format appli car il permet de limiter les contacts en magasin et de payer avec son smartphone. Aujourdâhui plus de 200 de nos magasins sont Ă©quipĂ©s de portiques permettant de faire ses courses en totale autonomie via lâapp.
Simon : Audrey, de votre cÎté, qu'est-ce que vous faites pour faire se rejoindre les audiences colossales de Marmiton avec le service d'acteurs comme le Groupe Casino ou La Belle Vie ?
Audrey : Notre record historique se situe en gĂ©nĂ©ral autour du 24 dĂ©cembre avec environ 1M de visiteurs uniques par jour. Câest une pĂ©riode conviviale oĂč les gens ont envie de cuisiner.
En ce moment nous sommes sur un moyenne de 3 Ă 3.5M de visiteurs uniques par jour.
Nous devions lancer en mars la âMise en panierâ afin de faire la jonction entre ces deux moment fort que sont le choix de la recette et le moment des courses. Notre objectif de demain est dâaccompagner les français de la recherche dâune recette jusquâĂ une mise en panier chez des distributeurs.
Nous sommes en train de mettre en place des partenariats (ndlr: les participants mentionnent des entreprises comme Jow et FlyMenu) pour mettre en avant les recettes les mieux notĂ©es du site puis faire sa liste de courses et non lâinverse. Le challenge est de permettre aux français de varier leur alimentation - sachant quâils tournent avec 9 recettes en moyenne dans lâannĂ©e
Simon : Paul, une Ă©tude annonce que 55% des amĂ©ricains ont fait leurs courses en ligne en mars (contre 36% en moyenne il y a deux ans). On voit que la livraison en ligne draine des usages massifs, comment est ce que tu vois Ă©voluer ton secteur dâici deux ans ?
Paul : Je suis Ă©videmment assez positif sur le futur. La Belle Vie a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e suite Ă une frustration : que la livraison domicile devrait ĂȘtre bien meilleure pour sâadapter aux personnes qui en ont le plus besoin, les urbains.
Les plateformes comme les nĂŽtres changent un peu le paradigme des courses en ligne.
Nous avons un grand catalogue mais nous donnons Ă©galement de lâinspiration Ă nos utilisateurs avec nos recettes.
L'enjeu actuel se situe sur le plan logistique : nous tentons dâĂȘtre agile et de nous adapter le plus vite possible Ă la demande croissante avec les livraisons et avons rĂ©cemment triplĂ© notre taille dâentrepĂŽt.
Alban: Je rejoins Paul. MĂȘme pour un groupe comme Casino, la gestion de toute la chaĂźne logistique est un enjeu clef, et encore plus actuellement. La livraison câest le nerf de la guerre et câest ce qui fait quâAmazon parvient Ă se faire une excellente place grĂące Ă son service qui est lâun des meilleurs.
Simon : Alban, oĂč en sera la grande distribution dâici 2/3 ans ?
Alban : Il est indispensable que nous nous adaptions. Avant le confinement le drive ou la livraison Ă domicile reprĂ©sentaient 7% du volume dâaffaire. Aujourdâhui, plus de 9%.
Monoprix a connu une croissance de 900% du nombre dâinscription online. Plus d'une centaine de milliers de commandes par semaines.
Nous avons ouvert un entrepĂŽt Ă Fleury MĂ©rogis. Il permettra dâabsorber post-crise la croissance du e-commerce alimentaire et dâeffectuer Ă terme plusieurs dizaines de milliers de commandes par semaine sur RĂ©gion Parisienne. Il a dĂ©butĂ© ses premiĂšres livraisons le 18 mars dernier, et le Groupe est mobilisĂ© pour accĂ©lĂ©rer le dĂ©ploiement du service Monoprix Plus afin de servir le plus de franciliens possibles le plus rapidement, en priorisant les personnels soignants et personnes Ă risque exposĂ©es au COVID-19
Pour Franprix nous avons crĂ©Ă© des âdark storesâ (magasins fantĂŽmes : points de vente uniquement destinĂ©s aux achats en ligne) afin dâaugmenter le maillage local et rĂ©duire les dĂ©lais de livraison. Nous mettons en place plus de partenariats avec les livreurs comme Deliveroo pour Franprix ou UberEats pour Casino.
Ces tendances sont rĂ©vĂ©latrices. Une fois le confinement terminĂ©, lâenjeu sera de fidĂ©liser ce 10% de la population qui aura testĂ© au moins une fois le drive ou la livraison. Certains vont rester sur ce mode de livraison et il faudra leur offrir une expĂ©rience aussi riche que satisfaisante. JusquâĂ prĂ©sent nous avons reçu beaucoup de tĂ©moignages positifs.
Simon : Il va y avoir un âaprĂšsâ du secteur des restaurants. Certains ne passeront pas la crise. On assiste Ă lâexplosion des "darks" ou "cloud kitchen" qui ne produisent que pour la livraison. Peut-on sâattendre Ă ce que les centres villes soient redessinĂ©s par ces nouvelles tendances ?
Alban : On ne peut ĂȘtre dĂ©finitif. Ce sont nos enseignes de proximitĂ© qui ont le plus progressĂ© derniĂšrement - on y voit le plus de nouveaux clients. Les Franprix sont presque conçus comme des restaurants, avec des tables pour dĂ©jeuner, des rĂŽtisseries⊠ce sont devenus des lieux de snackings.
Les enseignes de la grande distribution ont Ă©galement un rĂŽle social Ă jouer : pour certains le supermarchĂ© reprĂ©sente lâune des seules sorties de la semaine et le seul moyen dâavoir une conversation physique pour les personnes isolĂ©es.
Simon : Est ce que de nouvelles pratiques sont susceptibles dâĂ©merger suite Ă la situation actuelle ?
Audrey : Nous assisterons sans doute Ă une meilleure apprĂ©ciation de ce que la nature peut nous proposer, Ă©galement dans les villes oĂč lâon voyait dĂ©jĂ lâĂ©mergence de potagers urbains. En plus de cuisiner eux-mĂȘmes, les gens auront plus Ă coeur de participer Ă la production des denrĂ©es quâils consomment tous les jours. D'ailleurs en ce moment, c'est la bonne Ă©poque pour ramasser des pissenlits que je vous recommande pour vos salades !
Questions/RĂ©ponses :
Paul est ce que la Belle Vie privilégie les produits français dans son catalogue ?
Paul : Notre mĂ©tier est de fournir le catalogue le plus large possible pour les clients mais quand cela possible, nous essayons de privilĂ©gier les produits français ou issus de fermes urbaines. Une rubrique âFerme & Localeâ va bientĂŽt ĂȘtre lancĂ©e sur lâapp.
Le site sâest-il retrouvĂ© surchargĂ©, a-t-il connu des ralentissements ? Quâest ce qui a Ă©tĂ© mis en place ?
Paul : Nous sommes passĂ©s dâenviron 500/600 livraisons Ă plus de 2000 par jour. Lâarchitecture du site est plutĂŽt bien faite et nous nâavons pas eu Ă subir de ralentissements.
Pour la grande distribution est ce que le panier moyen en livraison est plus gros quâen magasin ?
Alban : Non pas particuliĂšrement. MĂȘme si les rĂ©flexe des français aujourdâhui est de moins se rendre en magasin et de stocker plus. (+140% pour la farine par exemple, toujours plus Ă©levĂ©s pour les pĂątes). Nous essayons de continuer Ă garantir un certains volume de rĂ©fĂ©rences disponibles. Nous avons dâailleurs dĂ©veloppĂ© un algorithme de substitution pour proposer certains produits quand dâautres ne sont plus disponibles en ligne.
Est-ce la fin des supermarchés traditionnels ?
Paul : Il existe une certaines lassitude des français avec le modĂšle offline qui a plus de 30 ans, câĂ©tait dĂ©jĂ le cas avant le confinement. Pourquoi faire la queue quand on peut ĂȘtre livrĂ© ? Certes nous leur grattons un peu de part de marchĂ© mais ils vont se rĂ©inventer et le but câest que nous soyons complĂ©mentaires.
Le mot de la fin ?
Audrey : Merci Ă tous pour cet Ă©change et surtout un merci Ă Batch dont la plateforme nous permet d'ĂȘtre trĂšs performants en ce moment de garder le lien avc nos audiences grĂące aux notifications push. Notre but, câest dâinspirer et rĂ©pondre aux problĂ©matiques des français Ă "lâinstant T" et aujourdâhui nous y arrivons grĂące Ă vous.
Henri Garnier
Product Marketer @ Batch